Annonce A Auxerre, l'éviction de Safia Otokoré révolte les femmes du PSUn mini-bus est parti de Paris, mardi 12 octobre, avec à son bord des élues socialistes en colère. Destination Auxerre. La porte-parole du PS, Annick Lepetit, la première adjointe du maire de Paris, Anne Hidalgo, l'ancienne ministre Marylise Lebranchu, et la vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France, Michèle Sabban, sont parties obtenir des explications du maire socialiste d'Auxerre, Guy Ferez. Il plane sur lui un soupçon de sexisme depuis qu'il a renvoyé son adjointe, Safia Ibrahim Otokoré.Chargée des quartiers, Mme Otokoré s'est vu retirer sa délégation en décembre 2004, au motif qu'elle aurait eu des mots déplacés envers d'autres élus et serait souvent absente, "elle a été présente deux fois sur 23 réunions" , précise le cabinet du maire. Le 29 septembre, la crise a atteint son paroxysme avec un vote en conseil municipal, à main levée, pour retirer le titre d'adjointe à l'élue : 17 conseillers ont voté pour, 10 contre et 12 se sont abstenus ou ont refusé d'y prendre part (le PCF et les Verts n'ont pas voulu se mêler d'une dispute socialiste.)"RAS LE BOL"M. Ferez assure que"la bonne gestion" est sa"seule motivation". Le maire cite trois incidents "incompatibles avec des fonctions d'élu" au cours desquels Mme Otokoré aurait tenu des "propos homophobes" sur un membre de l'opposition, traité de "raciste" une autre et "insulté" une collègue.Mme Otokoré place, elle, le différend sur un tout autre terrain. "Du jour au lendemain, je suis devenue indésirable car je lui fais de l'ombre , dit-elle, je n'ai rien à me reprocher." "Paris est un peu loin pour porter un juge ment hâtif, cette accusation de sexisme ne tient pas" , répond Anne Martinez, première adjointe, "pas membre du PS" , tient-elle à préciser, mais issue de la "société civile" .De local, le problème est bientôt devenu national. Célèbre depuis la sortie au début de l'année de son autobiographie où elle raconte son enfance et son adolescence douloureuse en Somalie, Mme Otokoré, ex-épouse du footballeur de l'AJ Auxerre, Didier Otokoré, est devenue une étoile montante du PS. Elue depuis 2001, membre du conseil régional de Bourgogne depuis 2004 comme M. Ferez , elle fait aujourd'hui partie des personnalités mises en avant par la majorité de François Hollande pour le congrès du Mans, en novembre.Pour le maire, membre de cette même majorité et qui dit avoir prévenu M. Hollande dès décembre, elle est "protégée" . Mais M. Ferez n'avait pas prévu la réaction des femmes socialistes, de plus en plus excédées par la place qui leur est faite dans le parti. "Tant que Jospin était là, il y avait une forme de réserve. Maintenant, c'est le laisser-aller. Il y a même un recul", tempête Mme Sabban , qui annonce son intention de lancer des états généraux du féminisme dès la fin du congrès. "Il y en a ras le bol", confirme Mme Lepetit. L'absence des femmes aux cérémonies du centenaire du socialisme, leur bagarre pour figurer aux côtés de leurs homologues masculins dans les meetings et les propos sexistes tenus récemment par plusieurs responsables socialistes, dont Laurent Fabius, à propos de la candidature de Ségolène Royal à l'investiture du PS pour l'élection présidentielle de 2007, ont créé un climat de révolte.Mardi, de retour d'Auxerre, les élues socialistes devaient rendre compte de leur déplacement devant le bureau national du PS.
