Statistique 9 % des adultes de 18 à 65 ans illettrés en France, selon l'InseeNeuf pour cent des adultes de 18 à 65 ans souffrent d'illettrisme en France, selon une étude de l'Insee rendue publique vendredi 7 octobre. Un niveau "légèrement supérieur" à celui mis en évidence lors des enquêtes antérieures, qui estimaient le nombre d'illettrés à environ 2,3 millions de personnes, souligne Fabrice Murat, qui a dirigé l'étude. Cette différence s'explique par un changement de méthodologie : les précédentes enquêtes sur l'illettrisme étaient fondées sur des "données déclaratives", alors que celle-ci s'appuie sur des "mesures directes", c'est-à-dire des tests, dans trois domaines – lecture de mots, compréhension d'un texte simple et production de mots écrits –, ainsi qu'en calcul et en compréhension orale. "Lorsqu'on les interroge, les personnes illettrées ne sont pas forcément capables de reconnaître leur situation et elles ne sont pas toujours prêtes à dévoiler ce handicap, vécu comme une honte, synonyme d'exclusion", explique M. Murat. Au total, 12 % des personnes consultées dans le cadre de cette enquête Information et Vie quotidienne, menée fin 2004 et portant sur 10 000 personnes résidant en France métropolitaine, sont "dans une situation préoccupante par rapport à l'écrit". Ce pourcentage-là inclut des étrangers n'ayant pas été scolarisés en France, alors que la définition de l'illettrisme ne concerne que des personnes ayant été scolarisées dans un pays donné et ne maîtrisant pas suffisamment l'écrit pour faire face aux exigences minimales requises dans leur vie sociale, professionnelle, culturelle et personnelle."L'illettrisme en France recouvre des niveaux de difficultés très variés", explique Fabrice Murat. L'étude relève que face à l'écrit, les hommes se trouvent plus souvent en difficulté que les femmes (respectivement 14 et 11 %), mais la proportion s'inverse en calcul, domaine dans lequel 11 % des hommes ont des performances médiocres, contre 16 % des femmes."Toutes les statistiques de l'éducation nationale dès le cours préparatoire montrent que les filles lisent avec plus de facilité que les garçons, et ces différences se maintiennent au cours de la vie scolaire", souligne M. Murat."UNE FORME D'EXCLUSION"L'enquête note également une évolution en fonction de l'âge, et va à l'encontre des théories sur la "baisse du niveau" des élèves en France : les 18-29 ans ont en effet de meilleurs résultats que les générations plus âgées, que ce soit en lecture, calcul ou compréhension orale. Ainsi en lecture, seulement 7 % des personnes de cette tranche d'âge éprouvent des difficultés graves ou importantes, contre 22 % des 60-65 ans.L'Insee va désormais travailler sur des enquêtes plus "fouillées", permettant de déterminer le profil des personnes illettrées en France en terme notamment de parcours scolaires, d'origines sociales et de difficultés face à l'emploi. L'illettrisme est "une forme d'exclusion", rappelle Fabrice Murat, puisque les personnes qui en sont frappées sont souvent incapables de se repérer dans l'espace et le temps, et a fortiori de trouver un emploi. Des études antérieures relevaient que 30 % des illettrés étaient au chômage et que 35 % des bénéficiaires du RMI ne savaient ni lire ni écrire.
