Annonce 46 soldats russes seraient morts hors combats en une semaineLa presse russe s'est alarmée, mercredi 15 juin, après la publication de chiffres alarmants par le parquet militaire faisant état de 46 décès en une semaine dans l'armée russe, hors des opérations de combat."La société a été choquée par le chiffre de 46 soldats morts hors des combats", écrit ainsi le journal Nezavissimaïa Gazeta, qui consacre sa "une" à l'affaire."Statistiques mortelles", titre même le journal officiel Rossiïskaïa Gazeta, d'habitude très consensuel. "46 soldats. C'est le nombre de soldats morts rien que sur la semaine dernière", s'étonne lui aussi le quotidien Novye Izvestia. "Un tel nombre de morts en temps de paix peut être qualifié sans exagération de catastrophique", relève-t-il, à l'unisson d'une presse russe commentant largement ces chiffres.BIZUTAGES VIOLENTS ET NOMBREUX SUICIDESLa radio Echo de Moscou s'est, elle aussi, largement fait le porte-voix de cette information, alors que les autorités passent généralement sous silence les morts dans l'armée, notamment en Tchétchénie. Les soldats tués quotidiennement en Tchétchénie par des rebelles ou lors de l'explosion d'une mine sont considérés comme "morts au combat" et ne sont pas pris en compte dans ce décompte des morts "hors des combats".Le parquet militaire, après avoir publié mardi ces données, devait se réunir, mercredi, pour étudier les raisons d'un tel nombre de décès, si loin du champ d'honneur. La presse évoque, quant à elle, la pratique du bizutage violent, dénoncée dans un récent rapport par l'ONG Human Rights Watch, qui a fait scandale en Russie. Les nombreux suicides parmi les jeunes recrues (il y a 8 suicidés sur les 46 morts) et la négligence des officiers sont également pointés du doigt.De nombreux quotidiens, s'interrogeant sur l'opportunité de la publication de ces chiffres, évoquent également une piste politique. Le journal Izvestia y voit ainsi la démonstration de la "bataille à distance entre le ministère de la défense et le parquet militaire" après des piques lancées début juin par le ministre de la défense, Sergueï Ivanov, contre le parquet.AUCUN COMMENTAIRELe quotidien Nezavissimaïa Gazeta (NG) va jusqu'à y voir une "attaque sans précédent" contre "le ministre de la défense et possible prétendant à la présidence" en 2008."Cela témoigne d'une bonne coordination des adversaires d'un des principaux candidats potentiels à la présidentielle de 2008", ajoute le journal, évoquant une lutte entre les différentes chapelles issues des "structures de force" (services spéciaux, armée et police) dans l'entourage de Vladimir Poutine.Toujours selon NG, M. Ivanov serait le "favori" du président actuel pour prendre sa succession. "Ils donnent à comprendre à Poutine qu'Ivanov est une figure faible et qu'il ne peut être son successeur", note ainsi Alexeï Makarkine, président du Centre de technologies politiques, parmi les experts cités par le journal."Mais le problème d'Ivanov, selon Makarkine, est que les accusations du parquet ne sont pas seulement une intrigue fondée sur des insinuations, mais un constat de problèmes réels dans l'armée", ajoute le journal. Le ministère de la défense n'a fait aucun commentaire sur la publication de ces chiffres.
