Annonce 44 sans-papiers poursuivent toujours leur grève de la faim à Limoges Au moment d'entamer une quatrième semaine de grève de la faim, leur détermination ne faiblit pas. Trois femmes et quarante-et-un hommes, Algériens et Guinéens sans-papiers, réclament toujours à Limoges un titre de séjour de douze mois. Obtenir ce document mettrait fin à leurs angoisses quotidiennes : "Se cacher tout le temps par crainte du contrôle qui conduirait au centre de rétention. Ne pas travailler et fuir le propriétaire, les huissiers. Aller chercher sa nourriture, celle des enfants surtout, auprès des associations humanitaires. Plutôt mourir dans la dignité, pour la dignité", affirme le porte-parole des grévistes de la faim, Houssni el Rherabi. La volonté commune du groupe surprend les membres les plus proches du Collectif de soutien. "Ils ont appris à vivre ensemble, à respecter l'autre. Ils en sont arrivés à faire l'effort de dépasser des différences culturelles qui, ailleurs, génèreraient des tensions. Tout cela parce qu'ils ont besoin d'un papier pour vivre", admire Cathy Guerry. LE TRAVAIL AU NOIR, FORCÉMENT Comme la plupart des sans-papiers, ceux de Limoges travaillent. Dans une clandestinité forcée. Saïd a mâçonné "de 07h à 21h pour 45 euros par jour", sans que son employeur tienne "sa promesse d'activer sa régularisation". Les autres ont nourri des vaches limousines dans les fermes, cueilli des pommes en Corrèze, fait la plonge ou des ménages pour 20 à 25 euros quotidiens. Aujourd'hui, épuisés, ils vivent allongés sur des matelas à même le sol, dans un ancien local de police mis à leur disposition par la mairie de Limoges. Le Collectif de soutien réclame de la préfecture "un geste humain pour les grévistes de la faim". Mais, d'audience en entrevue, la réponse des services de l'Etat demeure la même : "refus de sortir du cadre de la loi". "Nous aspirons à travailler et vivre dignement", plaide Sako Mamadou Kalifa, 41 ans, marié en France à une compatriote Guinéenne et père de deux fillettes de deux ans et demi et un an, nées à Limoges. Parmi les grévistes de la faim, plusieurs sont parents d'enfants en bas âge non encore scolarisés. Ils ont engagé leur action avec d'autres, jeunes célibataires, comme les trois Guinéennes d'une vingtaine d'années, retirées dans une pièce qui leur est strictement réservée. La fermeté de la préfecture renforce plutôt la détermination des grévistes de la faim, convaincus, selon l'expression de Moktar, d'être "les jouets de la partie politique qui se dispute en France".