Annonce 230 Africains sauvés au large des Canaries 227 immigrants en provenance d'Afrique subsaharienne, la plupart de pays francophones et plus probablement de Côte d'Ivoire, selon le ministère de l'intérieur, ont été localisés au large de l'île canarienne de Tenerife, samedi 5 février, par un bateau de pêche. Entassés sur une vieille barcasse dans "un état de délabrement total", selon le délégué du gouvernement aux îles Canaries, José Segura, ils ont été sauvés par les équipes de sauvetage en mer et de la garde civile. Des histoires comme celle-là, il y en a beaucoup. Elles ont pour cadre les Canaries, mais aussi souvent les côtes andalouses, où finissent les pateras, ces embarcations de fortune surchargées. Ce sont des témoignages de femmes violées, d'un enfant qui tombe à l'eau et du patron qui refuse d'arrêter le bateau, ou encore des candidats à l'immigration laissés à eux-même sur une embarcation à la dérive, car les pilotes prennent de moins en moins le risque d'embarquer. Il y a quelques jours, on a ainsi trouvé une trentaine de survivants épuisés, embrassant comme pour les réchauffer, au fond d'une barque pleine d'eau, les corps de treize de leurs compagnons morts d'hypothermie. "Ils ne savent pas nager, le plus souvent ils n'ont jamais vu la mer, ils sont raides de froid, ankylosés, ils sont restés des heures empilés sans pouvoir bouger, et ils ont tellement peur que quand ils nous voient ils se précipitent tous du même côté", raconte Maite Sanchez Vazquez, porte-parole de la garde civile d'Algésiras, un des points les plus concernés d'Andalousie. Et elle ajoute : "Chercher une vie meilleure n'est pas un délit. Notre travail, qui était la surveillance, est devenu un travail humanitaire." La collaboration entre la garde civile et la Croix-Rouge est telle qu'il arrive souvent que les agents quittent leur uniforme pour endosser le gilet de la Croix-Rouge. Ils partagent les mêmes sentiments, la haine des trafiquants d'êtres humains et la volonté désespérée de sauver des vies. La Croix-Rouge a mis ainsi en place, avec l'aide du secrétariat d'Etat à l'immigration, un programme d'équipes de réponse immédiate devant des situations d'urgence (ERIE), qui se chargent du premier accueil des immigrants en collaboration avec la garde civile. A Barbate, près de Cadiz, port sinistré depuis que les pêcheurs ne peuvent plus aller dans les eaux marocaines, la solidarité est à toute épreuve. "Les gens laissent tout tomber pour venir nous aider", explique Manuel Feniz, chargé avec deux autres permanents du centre d'accueil, un ancien local de la garde civile. A leur arrivée, les immigrants sont fouillés et tout ce qui peut blesser est confisqué, même les brosses à dents. "On leur a dit que s'ils sont blessés, ils iront à l'hôpital et qu'ils auront leurs papiers. Alors, ils se mutilent volontairement." Ensuite, c'est la douche, obligatoire car l'eau de mer mélangée au combustible peut occasionner des brûlures. On ne leur laisse que leurs téléphones portables. "A peine arrivés, ils appellent leurs contacts qui viendront les chercher. Ils savent que nous ne dirons rien." Plus tard, la garde civile les remettra à la police. Certains seront expulsés, d'autres resteront en détention pendant quarante jours, le temps d'essayer de les identifier, et puis ils seront relâchés.