Grève 15 à 30 % de postiers en grève contre la libéralisation prévue en 2009 Environ 15 % des 300 000 postiers français étaient en grève, mardi 14 novembre à 11 heures, selon la direction de La Poste. La CGT et SUD-PTT, les deux premiers syndicats du secteur, ont de leur côté assuré que le mouvement était très suivi, avec 30 à 40 % de grévistes en milieu de matinée. La CGT, SUD, FO, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC avaient appelé tous les employés de La Poste à cesser le travail pendant une journée et à manifester dans toute la France pour protester contre le projet européen de libéralisation totale du courrier, prévue pour 2009, et pour la défense des salaires et de l'emploi. Entre 300 et 400 personnes ont défilé à Toulouse. Quelque 200 personnes, employées à La Poste, France Télécom, SFR et AOL, se sont rassemblées à Marseille, pour défendre "la qualité" dans le secteur des communications. Et une manifestation intersyndicale était prévue cet après-midi à Paris, entre la place d'Italie et Bercy. La grève a été particulièrement suivie dans les Hautes-Pyrénées, avec 80 % de grévistes selon la CGT, et 65 % selon la direction. Cependant, contrairement à SUD-PTT qui indiquait qu'un à trois jours de retard étaient à prévoir dans la distribution du courrier, la direction de La Poste a assuré, dans un communiqué, que "les services [étaient] assurés quasiment normalement pour l'ensemble des clients de La Poste" et que moins de 1 % des bureaux étaient fermés sur l'ensemble du territoire. THIERRY BRETON ENTEND "RÉCONFORTER" Les syndicats, qui ont adressé vendredi une demande d'entretien au ministre de l'industrie, François Loos, espéraient être reçus à l'issue de leur journée d'action. Ils exigent du gouvernement qu'il s'oppose aux "oukases" de la Commission européenne, qui a présenté en octobre un projet de libéralisation totale du courrier, comprenant l'ouverture à la concurrence du courrier ordinaire d'ici 2009. Au-delà de la libéralisation, les syndicats craignent des restructurations synonymes, selon eux, de démantèlement et de suppressions d'emplois. Patrick Bourgeois, secrétaire fédéral de la CGT, a notamment dénoncé une "volonté purement marchande visant à réduire les coûts au détriment du service rendu et de la présence de La Poste sur le territoire". Le ministre de l'économie, Thierry Breton, a réagi mardi à l'Assemblée nationale en affirmant que "la France est, et restera attachée au maintien d'un service universel postal de haute qualité à un prix abordable sur l'ensemble du territoire". "Le champ et les obligations du service universel restent inchangés", a insisté M. Breton, soucieux de"réconforter (les postiers) sur certaines de leurs préoccupations". Les protestations des postiers après la réduction du nombre de bureaux de poste, notamment dans les zones rurales, ont reçu le soutien du mouvement Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT) et de Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes. Nicolas Dupont-Aignan, député UMP et candidat déclaré à l'élection présidentielle, a lui accusé Bruxelles de vouloir "donner le coup de grâce" à La Poste au travers de mesures "qui, toutes, vont dans le sens de son affaiblissement et de son démantèlement en tant que service public national".