Anniversaire 10 ans de Jacques Chirac Jacques Chirac a célèbré samedi une décennie aux rênes de la France. Un cap périlleux pour le chef de l'Etat dans un pays en proie au doute et alors qu'une majorité de Français pourrait voter non au référendum sur la Constitution européenne défendue par le président. Ni bougies, ni cotillons pour les 10 ans de présidence de Jacques Chirac samedi. Le chef de l'Etat l'a réaffirmé mardi à la télévision lors de son intervention pour le "oui" à la Constitution européenne, il n'est pas "un homme d'anniversaire". D'autant moins que le climat et la conjoncture ne sont pas à la fête. Un Hexagone en proie à la morosité, une économie en berne, une majorité de Français qui pourrait voter "non" au référendum du 29 mai… Et, cerise sur le gâteau, deux tiers de la population déçus par son action. 7 mai 1995-7 mai 2005. 10 ans de présidence et Jacques Chirac de dire : "Je ne suis pas non plus un homme de bilan". Mais de se reconnaître "heureux d'avoir participé à un certain nombre d'actions". Il cite le "renforcement" de la sécurité, de la laïcité, la création d'une armée professionnelle, les réformes des retraites et de l'assurance-maladie… A son actif, le courage incontesté d'avoir pour la première fois reconnu en 1995 la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des Juifs durant la Seconde guerre mondiale, ce que son prédécesseur socialiste François Mitterrand n'avait jamais fait. Réélection triomphale Jacques Chirac aura aussi été celui qui a affirmé haut et fort son opposition à la guerre en Irak, mettant la France sur le devant de la scène mondiale." Je considère que j'ai représenté, défendu convenablement les valeurs, les intérêts, l'image de la France dans le monde", a résumé le président. Un activisme sur la scène internationale grâce auquel il a fait un peu oublier les "affaires" judiciaires qui ont empoisonné son premier mandat et lui ont coûté le départ de son brillant dauphin Alain Juppé. Mis en cause pour financement illicite du RPR, le parti qu'il a créé en 1977 quand il était maire de Paris, Jacques Chirac a bénéficié de l'immunité présidentielle confirmée en 2001 par la cour de Cassation. Pas Alain Juppé, son responsable aux finances condamné, qui a dû quitter la vie politique. Sa réélection le 5 mai 2002 avec 82% des suffrages avait été une divine surprise dûe à un sursaut des Français voulant conjurer "la peste brune" face à la montée de l'extrême droite avec l'arrivée de Jean-Marie Le Pen en deuxième position au premier tour de la présidentielle. Au premier tour, le candidat Chirac avait à peine recueilli 20% des votes. Une réélection triomphale grâce au report des voix de la gauche. Depuis, cette dernière s'est sentie trahie par un président dont le gouvernement a réalisé des réformes jugées antisociales comme celles de la retraite, de l'école, de la justice. L'homme d'action Ni homme d'anniversaire, ni homme de bilan, Jacques Chirac se revendique pourtant homme d'action. Et l'action du moment c'est la campagne qu'il mène pour le "oui" au référendum sur la Constitution européenne qu'il a voulue et défendue. Un échec le 29 mai le conduirait peut être à passer la main en 2007. Au terme de son deuxième mandat, il redeviendrait alors un citoyen ordinaire pouvant être rattrapé par la justice. Un résultat positif le légitimerait à se présenter à la présidentielle à l'âge de 74 ans, ce qu'il n'exclut pas. Mais rien n'est encore dit. Le président laisse seulement percer son hostilité à l'égard de Nicolas Sarkozy, le nouveau chef de son parti l'UMP, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles. Au lendemain du référendum, Jacques Chirac pourrait essayer de regagner un peu de consensus dans le pays en changeant de Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin étant usé par trois ans de pouvoir. Dominique de Villepin, actuel ministre de l'Intérieur ou Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, sont donnés favoris par la presse. Bref, du suspense en guise de gâteau d'anniversaire.